mercredi 11 mai 2011

Tunisie : Chanson de l'Autre Exil : Le repos du guerrier exilé 20 ans par Ben Ali

Le repos du guerrier
De guerre lasse,
le guerrier a mis bas ses armes.
Son armée s'en est allée désarmer
celle qui longtemps peupla ses rêves
et n'a trouvé que l'armée de l'ombre
qui,  plus longtemps encore,  peupla ses cauchemars.
Comprenne qui pourra !
D'esprit hagard et d'espoir volant
ne lui restaient que les fleurs d'un jardin à nul autre pareil.
Roses sans épines montées sur tiges noircies,
parfums évaporés et terres arides,
telles du papier, couleurs passées
les feuilles du printemps sont jaunes cette année .
Douleurs devant, douleurs derrière,
où qu'il regarde, nuages fuyants,
béance de l'âme et ailes battantes
d'oiseaux migrant vers l'île inconnue.
Sommeil troublé et rêves déchirés,
la multitude a crié et le silence s'est fait.
Dos courbé par l'espérance passée
le guerrier a mis bas ses armes
et, de guerre lasse, ailleurs s'en est allé.


Batailles perdues, batailles gagnées,
le guerrier au crépuscule s'est allongé.
Son épée a côte de lui, naguère  redoutée,
d'encre a séché.
Il crie aux loups qui approchent de s'en aller .
Mais, flairant le sang dont le pré est imbibé,
les  crocs blancs avancent au lieu de reculer.
La meute s'est formée et le danger s'est précisé .
Il ferme les yeux pour l'oublier,
mais l'herbe moite au cou le fit se redresser.
Dans un grand effort, poussant sur ses mains ,
à genoux il se met
et, à  gorge déployée il crie,
O  peuple tu es en danger !
Tant de paradis que pour toi j’ai rêvés
sont menacés avant même que d’être  piétinés.
Souviens-toi, vingt ans  sacrifiés
et tous les combats livrés
pour que tes roses demeurent les plus parfumées.
Méfie- toi des nouveaux nés qui  viennent juste de crier
Et des vieillards qui ont déjà tout oublié.
Ni les uns, ni les autres  ne sauront comme moi,
tes jardins faire fleurir et aimer.
Le peuple pressé,
à sa vindicte du tyran  tout occupé,
et aux trésors qu’il a laissés tout affairé,
vers lui ne s’est  pas retourné.
Les chiens un moment intimidés,
ont recommencé a aboyer.
Ne les entendant plus, triste et fatigué,
le guerrier a nouveau s’est écroulé,
serrant  sur son cœur la dernière rose tombée

H.C

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