lundi 16 mai 2011

Débat : Gouvernement de Béji Caid Essebssi : opacité et/ou transparence

Débat avec Rafaet Dali. Paru dans le journal l’Audace N°6  du 12 au 26 mai 2011

Quand il s’agit de l’opacité dans la gouvernance
Quand il s’agit de l’opacité dans la gouvernance qui semble être à l’origine des soubresauts dans une transition démocratique post révolutionnaire, cela devient inquiétant  et les révolutions n’aiment pas l’opacité. Qu’on se le dise..
Le traitement des faits divers et violences que l’on doit distinguer des manifestations pacifiques légitimes et  auxquels on assiste presque quotidiennement dans le pays, touchant de multiples  secteurs, interpellent le plus novice des novices en politique. . .
Après un préjugé favorable accordé à l’expérience réelle et l’ancienneté de notre premier ministre Beji Caïd Essebssi, voila que s’installe progressivement le malheureux désenchantement.
L’homme de la rue vous dit que les anciennes manœuvres douteuses sont toujours présentes, l’état d’esprit qui oriente et guide les décisions si délicates soient t’elles  de cette transition est calqué sur celui de l’ex régime politico mafieux.
Conséquence logique, ça grince.
Qui a intérêt à jouer ce jeu, à gagner du temps, à jouer au quotidien avec les manœuvres de diversion télécommandées qui consistent à monter les tunisiens contre les autres, à placer au vu de tous, leurs amis et les amis des amis de la mafia politicofinancière encore omniprésente?. Les initiatives fortes nécessaires à toute transition post révolutionnaires sont rares et peu suivies d'effets réels. La rue observe, analyse, comprend ce jeu malsain d’« affaiblir la révolution et récupérer le pouvoir » et commence à s’impatienter sérieusement..

Poser les questions simples et d’actualité à ce gouvernement provisoire.
L’appel Républicain, parti crée dans la suite du Front Tunisien de Salut National (FTSN), opposant historique à l’ex régime et dont le visa, par le saint esprit de la politique politicienne tunisienne n’est toujours pas accordé !!!!!!  a décidé à travers les colonnes  du journal « l’Audace » de poser les questions simples et d’actualité à ce gouvernement provisoire.
Celles, dans l’actualité pressante, qui  se posent actuellement suite à cette vidéo de Farhat Rajhi méritent des éclaircissements :
- qui est derrière cette intervention au cours de laquelle les questions posées n'étaient pas innocentes?
- qui a intérêt à la diffuser en ce moment?
- qui a intérêt à pointer du doigt une région par rapport aux autres et cacher ainsi d'autres dysfonctionnements régionalistes ?
- qui veut écarter l'armée ou l'affaiblir en ces moments délicats de la transition ou de la poussée de fièvre à nos frontières libyennes?
A propos de la sécurité, base de toute confiance
la démocratie et les démocrates savent distinguer les manifestations de contestation respectant l’ordre public de celles avec violences sans raisons, paralysant le fonctionnement des établissements publics ou privés. Les premières sont légitimes et positives, les secondes sont inacceptables .
Question : Alors comment expliquer par quel miracle les premières sont rapidement et fermement dispersées alors que les secondes (telles que les fuites de prisons ou celles des stades) se voient assistées passivement par des forces de l’ordre semblant être missionnés en tant qu’observateur plutôt que de gendarmes ?
Question : Comment analyser l’absence d’informations quant aux résultats  des enquêtes supposées être diligentées, leur origine, leurs décideurs, leur objectif etc ?
La violence, ici et là, est citée ( fuites simultanées et organisées de prisons, mises à sacs, violences dans les stades etc..) mais pas d’enquête rapportée, aucun résultat n’est publié mais la rumeur bien manipulée dresse rapidement des pseudo coupables visés par la désinformation mais les vrais coupables, ils sont au poste de commandement. Sont t’ils toujours de connivence les « maîtres chanteurs », « les chantés » et l'argent roi des mafieux.
Est-ce la Tunisie des dossiers de la police politique et des services spéciaux de Ben Ali (Ganzoui, Sériati et compagnie) qui planent toujours sur la tête de ces décideurs qui, aux ordres par peur, distribuent les cartes et le jeu au cas par cas ?

Depuis on est en droit de se méfier de tout y compris du scénario etabli pour cette transition
Question : Pourquoi ne pas imaginer que le scénario de la haute assemblée constituante après le 24 juillet, oui on dit bien après le 24 juillet, celui qui va donner naissance à la nouvelle constitution et au second prochain gouvernement transitoire, n’aura été qu’une grande farce pour gagner du temps, beaucoup de temps et laisser les palabres pointilleuses sur tel ou tel article juridique,  occuper la haute assemblée, la rue et l’opinion publique ?.
Pendant ce temps, la mafia se réorganise et elle croit laisser s'installer progressivement la fatigue et la lassitude..
Ainsi les dossiers de justice et la transition démocratique prendront, selon leur volonté, le temps qui faudra.. ??
Oui, maintenant ils semblent être prêts pour la date du 24 juillet, leur système étant confortablement mis en place pour que la prochaine assemblée constituante, qui décidera au nom du peuple, soit majoritairement de leur couleur..

Quelle justice nous voulons ?
Ce n’est un secret pour personne, la justice post révolutionnaire est la première institution à renforcer et mettre en place. Elle doit rendre rapidement justice aux milliers de victimes de l’appareil tortionnaire politicomafiofinancier de l’ex président déchu.
Question : comment expliquer ces parodies de procès déjà édifiés contre des gardes rapprochés de l’ex système et qui constituent une insulte a l’intelligence des tunisiens ? ces hommes de main, inutile de les citer maintenant, les tunisiens avertis les connaissent par cœur et attendent la suite et du concret..

Refus de visa pour l’Appel Républicain et d’autres partis : un acte politique malsain et peu éthique
En transition démocratique, l’on retrouve en première ligne les anciens partis ceux vitrines d’appui et ceux d’opposition gérés anciennement par les ex locataires du palais ( ce n'est plus un secret de polichinelle)  puis les nouveaux arrivants qui se présentent au fur et à mesure. Les uns sont  authentiques, d’autres recrutés par les cabinets ministériels spécialisés toujours en partie aux ordre des tireurs de ficelles de l’ancienne mafiapoliticofinancière.
En démocratie donc, on ne limite jamais les autorisations de visas sauf risque pour la sécurité ou l’ordre public.
Alors Pourquoi le gouvernement provisoire lui même n’ayant pas de légitimité démocratique  refuse d’accorder de façon égale les visas de constitution à toutes les demandes de partis?
Selon quelle logique éthique, peut il retirer le droit de s’exprimer pour un parti et permettre aux autres amis de s'exprimer? d’autant plus qu’il semblerait que le motif de refus visé par l'administration (..vous ne répondez pas à l’article 6 et 11 ???) est un copié-collé pour être attribué de la même façon aux malheureux destinataires du refus..
Mais c’est quoi exactement les articles 6 et 11, aucune explication ou point précis n'est formulé ???
Sur quelle base transparente les visas aux partis sont accordés ?
En poussant plus loin la logique, selon quelle légitimité, monsieur Béji Caïd Essebssi, ses hommes et les cabinets occultes peuvent t' ils interdire de nouveaux partis?
Nous nous interdisons de pousser plus loin l’analyse et nous laissons à d'autres le soin de dévoiler d’autres procédures douteuses dans ce premier temps et ce afin de respecter la cohésion nationale. 

Plus jamais les anciennes méthodes et stratégies. Oui au pragmatisme transparent non aux manœuvres opaques.
Il n’y a pas une famille tunisienne qui n’ai pas un fils, un parent, un voisin qui n’a pas subi l’injustice, l’humiliation ou des traitements dégradants ordonnés par la machine infernale Ben Aliste.
Nous aussi, partisans, membres et amis de l’Appel Républicain ex Front Tunisien de Salut National (FTSN) avons, pour certains d’entre nous, partagé cette souffrance, connu les caves du ministère de l’intérieur, côtoyé des Ganzoui, des Hammi, des Sériati, et la liste est longue ( ils sont tous fichés tous à Interpol avec d'autres et le journal « L’audace » a le grand mérite de les avoir repris depuis longtemps) de la direction de la sûreté d‘état, les chaises des renseignements généraux, les coups des tortionnaires et les humiliations des inhumains, les insultes des déséquilibrés aux services des tyrans, les exactions et injustices faites à nos familles, à nos proches et aux centaines de nos amis. Nous avons connu l’exil et l’opposition pour alerter l’opinion internationale, avec d’autres mouvements, et faire savoir que le peuple tunisien est en cage, qu’il est exploité,  opprimé, réprimé, violenté et que les amis de Ben Ali ( ils se reconnaîtront ) vous mentent en vous disant que c’est une "dictature minime" qui tient en respect un peuple potentiellement dangereux, encore immature pour une démocratie et qui peut à tout moment se transformer en islamiste terroriste du fait de leur religion.."Nous sommes les remparts de l'occident contre les extrémismes de nos peuples" se réclament les tyrans, slogans relayés par leurs sbires de la sphère politique et d'une partie de la société civile de l'époque.   
Alors messieurs et mesdames de la gouvernance, ne volez pas cette révolution si vous avez un brin de conscience.
Plus jamais les anciennes méthodes et stratégies.
Oui au pragmatisme transparent non aux manœuvres opaques.

Les valeurs d’abord, le reste suit
 les valeurs doivent guider en premier toutes nos réflexions, actions et stratégies ; les valeurs qui rassemblent la majorité des tunisiens et non celles d’une catégorie privilégiée.
Ces valeurs spécifiquement tunisiennes savamment associées à celles universelles donneront l’essence de la démocratie à la tunisienne.
Il ne s’agit pas de singer bêtement les points faibles, ceux qui risquent de nous mener à l’individualisme, la solitude, le matérialisme débordant, l’éclatement de la famille, le déficit de valeurs et mais de ne  retenir que celles qui tirent « l’homme » et l’humanité vers le haut.
Le mental des "dirigeants sous contrôle" ne doit plus fonctionner selon le modèle Ben Aliste pré-révolutionnaire et il doit évoluer vers celui qui manage une authentique démocratie. A défaut nous revoilà parti pour une démarche intellectuelle déficiente associée à  un sacré déficit de valeurs...

Quelle légitimité nous voulons ?
N’oublions jamais que la seule légitimité est celle du peuple, ce peuple qui s’est soulevé comme un seul homme dans toutes ses composantes et que ce ne sont pas les plus nantis qui ont été les premiers au front.
La légitimité démocratique ne peut être que celles du référendum  et des urnes. Nous y parviendrons après cette transition démocratique, cela prendra un peu de temps mais commençons d’ores et déjà à exercer pleinement la transparence réelle en travaillant l’intérêt général loin de tout clanisme ou régionalisme. La vison donnée de certains privilèges que nous éviterons de citer,  sont contraires à  cette démarche qui doit être une règle fondamentale en démocratie, qu’on se le dise aussi et le plus souvent possible.

Révolution, démocratie, quel avenir ?
Monsieur Béji Caid Essebssi a le choix maintenant entre la transparence, le courage et l’indépendance totale à l’égard de ces forces quasi mafieuses d’une part ou bien l’échec assuré.
 Il est grand temps de réfléchir à l'hypothèse de faire rapidement le ménage que ce soit avec ce gouvernement s'il en a le courage réel  ou avec un autre authentiquement carapacé pour démanteler la branche politicoMafioFinancière du Ben Alisme, quitte à repartir à zéro, avant que cela ne s’enlise de nouveau..
Nul doute qu’au final, la Tunisie aura sa démocratie. Mais elle a entre-temps été dupée et un temps précieux  (gagné par la mafia) a été perdu pour la révolution. 
Ce gouvernement transitoire, s’il n’est pas en mesure de rectifier le tir (et tous les signaux, hélas, ne sont pas au vert) doit-il laisser la place à un gouvernement révolutionnaire provisoire "sans peur ni reproche" n’ayant eu aucune accointance ni de près ni de loin  avec le passé de Ben Ali et son appareil politico-mafieux ??
Les tunisiens dans leur immense majorité privilégient le sens de la mesure et le font prévaloir sur les passions.  La révolution tunisienne a su éviter le chaos et la guerre civile. Ce n’est pas un hasard.
Il est toujours temps de corriger le tir. A défaut, le champs est libre pour la fuite en avant.
C’est déjà pour nous tous un grand bonheur d’avoir vécu cette révolution et de pouvoir assister encore à ces révoltes pour la dignité et la liberté autour de nous. Après les perturbations d’usage post-révolutionnaires que les tunisiens sont à même de corriger, les jeunes pourront espérer vivre  dans un monde meilleur.
Le tunisien a toujours su marier intelligemment ses propres valeurs et sa culture avec la modernité et les principes  universelles..
Faisons tous ensemble pour que ce soit ainsi avec la dignité et la liberté en plus.
 « La révolution tunisienne est un modèle pour toute la région, qui ne doit pas échouer ».
La révolution vaincra et la démocratie réelle s'installera quel qu'en soit le prix.


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