mardi 9 avril 2013

Séquestration de Bourguiba : Rafaat Mrad Dali : "la réalité, c’était le silence complice de toute la classe politique de l'époque et la sourde colère de tout le peuple"

Habib Bourguiba, leader de l'indépendance
A part les exaspérations et grondements sincères de son fils Bibi (Habib Bourguiba junior), de sa proche famille, et de quelques exceptionnelles tentatives feutrées d’alertes ( M. sayah) pour améliorer les conditions de détention du leader Habib Bourguiba cloîtré dans la résidence du gouverneur de Monastir, située seulement à 800 mètres du centre ville, voisinant l’avenue principale, la vérité était la sourde colère du citoyen lambda et le silence complice des politiques sans exceptions, occupés à leurs affaires et à la bénédiction du dictateur et de sa famille. Nous les avions croisés en France et en Europe ( nous étions en exil), ces politiques ou pseudo référents, hommes et femmes à qui Bourguiba a tout donné, véhiculant durant les années 90 et 2000 à nos amis occidentaux le même message anesthésiant, « que Bourguiba allait bien » et qu’il disposait de la sollicitude bienveillante et filiale de Ben Ali » et que « la Tunisie allait irrémédiablement vers la démocratie et la prospérité ». On connaît la suite, l’intérieur du pays déshérité et appauvri au dépens d’une classe privilégiée, engraissée à outrance chargée de constituer la belle façade entourant l’indignité.
En fait, Bourguiba et son peuple, c’était une fusion de fait et de destin. Sous Ben Ali, Ils étaient ainsi tous deux encagés autorisés seulement à vaquer au quotidien et à se taire.
De passage à Monastir ce samedi de soleil, je me suis mêlé à cette foule immense, sincère et enthousiaste rendant hommage à son libérateur.
Un vieux monastirien, pointant malicieusement du doigt certaines « personnalités officielles anciennes et nouvelles », se bousculant pour la visibilité et la première place, me glissa à l’oreille : « si Bourguiba se réveillait soudain de sa tombe et qu’il venait à observer le spectacle de certains partisans ou personnalités politiques se prévalant aujourd’hui, plus que les vrais, de la première ligne de ses fidèles et héritiers (du Bourguibisme) et s’exprimant à qui mieux en son nom, il retomberait sûrement en syncope… » ils l’ont trahi eux aussi, les BCE et compagnie et l’ont laissé moisir et on trompe toujours le peuple aujourd’hui », a t’il ajouté.
Mais Grâce à Dieu, en dépit de tous les fardeaux, ce peuple fier et généreux, s’exprime aujourd’hui. Le reste suivra..
PS : pour la vérité historique, bien avant le coup d’état médical de 1987, le vieillard fatigué, n’était déjà plus le grand Bourguiba. Dépouillé adroitement de ses plus proches fidèles, encerclé par les loups malfaisants et les mafieux qui tenaient en laisse serrée l’omniprésente nièce, Saïda Sassi, maladroite mégalomane (chargée de ses petits soins et de « siffler à ses oreilles » les ordres précis de la mafia de l’époque aux aguets pour faire le vide autour de lui), le complot était déjà programmé dès 1986 et Bourguiba était déjà confiné bien cadré dans son palais de Carthage.. Il aurait du se retirer de lui même, bien avant, dans le respect de sa personne et de notre patrimoine car Bourguiba, c’est notre patrimoine, c’est notre Napoléon avec ses victoires innombrables, en dépit de ses quelques faiblesses et défaites.
J’espère que ce message sera entendu par tous nos gouvernants actuels et futurs, y compris celles et ceux qui ont subi les foudres de Bourguiba. Nul n’est parfait en ce bas monde, mais dans la balance, le jugement est sans appel. La Tunisie a eu à sa tête un grand parmi les meilleurs de ce monde.

Rafaat Mrad Dali (رفعت مراد الدالي)
Témoin proche, actif et discret de 12 ans de pouvoir au plus haut sommet de l’état aux cotés de Bourguiba et de ses plus proches fidèles. Une grande école de la vie et des hommes qui m’a accompagné tout au long de mon parcours politique en Tunisie, en France et à l’international. Si je suis un élu actuellement en France (en tête de liste, indépendante, cas unique en France pour un maghrébin arabe), je le dois, en très grande partie, à cette école Bourguibienne. 

Publié dans JournalTunisie.info :  http://journaltunisie.info/2013/04/08/sequestration-de-bourguiba-rafaat-mrad-dali-la-realite-cetait-le-silence-complice-de-toute-la-classe-politique-de-lepoque/

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