samedi 4 juin 2011

Mohamed Charfi et d’autres, témoignage de la dérive d’une conscience

Par Rafaet Dali
En réponse à l’article de Mohamed Ayadi intitulé « Hommage à Mohamed Charfi, un héros qui a tout d’un homme » publié dans Leaders


 Avec tout le respect que j’ai pour sa famille,  pour l’auteur de cet article, et pour la vérité historique, Mohamed Charfi a, à une certaine période de sa vie politique, malmené lourdement sa conscience au point de choquer ses propres amis et ceux qui lui portaient une authentique estime. Oui, il avait incontestablement de grandes qualités mais son comportement et certaines de ses déclarations (en tant que ministre et haut responsable de la ligue des droits de l’homme ) ont vivement choqués car  elles défendaient l’indéfendable et l’innommable alors que des centaines de tunisiens étaient torturés, exilés et certains assassinés par les hommes de main de Ben Ali dans les locaux spécialisés.
Mohamed Charfi,  Saadoune Zmerli, Khemaies Chammari, Serge Adda, Daly Jazy et d’autres, responsables nationaux et dirigeants de la ligue des droits de l'homme en ce temps, ont été, hélas pour notre malheur,  les ambassadeurs de Ben Ali pour parfaire et adoucir son image auprès de leurs amis occidentaux,  encenser le tableau d’un « certain génie », grand  rempart contre « l’intégrisme et le terrorisme »  afin de légitimer en quelque sorte les écarts et traitements inhumains » envers des centaines de familles tunisiennes innocentes mais coupables simplement parce que musulmanes dans un pays où l'islam est religion dominante. Ils ont été récompensés par Ben Ali de quelques ministères et hautes fonctions pour services rendus.
De ce fait, ils portent une part de double responsabilité avec celle de  la longévité du règne criminel de Ben Ali (23 ans), protégé ainsi par un occident que l'on a trompé, qui a assumé, de ce fait,  le silence assourdissant qui cachait les larmes et les cris des suppliciés innocents et de leurs familles déchirées. 
Ben Ali pouvait alors s'asseoir confortablement au pouvoir pour de longues années avec la bénédiction des grands et pour le malheur des tunisiens.
Je suis désolé pour ce témoignage qui ne contredit pas par ailleurs les autres multiples qualités incontestables de monsieur Charfi ni celles des autres personnes citées. Je suis désolé pour sa famille que je respecte beaucoup, mais un homme politique porte aussi en lui son lot d’erreurs plus ou moins lourd à porter.
Je lui en avait fait part personnellement, directement et publiquement à Paris devant un parterre de personnalités présentes à l’époque, dont le ministre  Edgard Pisani ( Président de l'institut du Monde Arabe en ce temps là) en termes extrêmement durs et il en avait été ébranlé. Oui je me souviens comme aujourd’hui, son visage était devenu livide d’un seul coup comme s’il avait perdu tout son sang. Il en avait pris conscience et dans les semaines qui suivirent, il avait pris des décisions en conséquences. Je sais qu’il en avait beaucoup souffert, ce qui prouve qu’il restait un homme de conscience tiraillé par une grande erreur de jugement.
Et, encore une fois désolé,  j’en parle en tant que victime (opposant et exilé durant plus de 11 ans) mais aussi, comme je vous l’avais signalé en tant que contradicteur direct de Monsieur Charfi suite à un échange historique à Paris en présence d’un grand nombre de personnalités politiques.
Ceci est écrit pour la vérité sans plus, pour que cela ne se reproduise plus, pour que l’on tire des leçons et bien sûr et du fond du cœur, avec tout le respect que j’ai pour sa famille et ses proches.
Par Rafaet Mrad Dali

Mohamed Ayadi a été secrétaire général du Ministère de l’Education, de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique
Lien de l’article de Mohamed Ayadi intitulé « Hommage à Mohamed Charfi, un héros qui a tout d’un homme » publié dans Leaders : 
http://www.leaders.com.tn/article/m-charfi-un-heros-qui-a-tout-d-un-homme?id=5368

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