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Habib Bourguiba, leader de l'indépendance |
A part les exaspérations et grondements sincères de son fils Bibi (Habib
Bourguiba junior), de sa proche famille, et de quelques exceptionnelles
tentatives feutrées d’alertes ( M. sayah) pour améliorer les conditions
de détention du leader Habib Bourguiba cloîtré dans la résidence du
gouverneur de Monastir, située seulement à 800 mètres du centre ville,
voisinant l’avenue principale, la vérité était la sourde colère du
citoyen lambda et le silence complice des politiques sans exceptions,
occupés à leurs affaires et à la bénédiction du dictateur et de sa
famille. Nous les avions croisés en France et en Europe ( nous étions en
exil), ces politiques ou pseudo référents, hommes et femmes à qui
Bourguiba a tout donné, véhiculant durant les années 90 et 2000 à nos
amis occidentaux le même message anesthésiant, « que Bourguiba allait
bien » et qu’il disposait de la sollicitude bienveillante et filiale de
Ben Ali » et que « la Tunisie allait irrémédiablement vers la démocratie
et la prospérité ». On connaît la suite, l’intérieur du pays déshérité
et appauvri au dépens d’une classe privilégiée, engraissée à outrance
chargée de constituer la belle façade entourant l’indignité.
En fait, Bourguiba et son peuple, c’était une fusion de fait et de
destin. Sous Ben Ali, Ils étaient ainsi tous deux encagés autorisés
seulement à vaquer au quotidien et à se taire.
De passage à Monastir ce samedi de soleil, je me suis mêlé à cette foule
immense, sincère et enthousiaste rendant hommage à son libérateur.
Un vieux monastirien, pointant malicieusement du doigt certaines
« personnalités officielles anciennes et nouvelles », se bousculant pour
la visibilité et la première place, me glissa à l’oreille : « si
Bourguiba se réveillait soudain de sa tombe et qu’il venait à observer
le spectacle de certains partisans ou personnalités politiques se
prévalant aujourd’hui, plus que les vrais, de la première ligne de ses
fidèles et héritiers (du Bourguibisme) et s’exprimant à qui mieux en son
nom, il retomberait sûrement en syncope… » ils l’ont trahi eux aussi,
les BCE et compagnie et l’ont laissé moisir et on trompe toujours le
peuple aujourd’hui », a t’il ajouté.
Mais Grâce à Dieu, en dépit de tous les fardeaux, ce peuple fier et généreux, s’exprime aujourd’hui. Le reste suivra..
PS : pour la vérité historique, bien avant le coup d’état médical de
1987, le vieillard fatigué, n’était déjà plus le grand Bourguiba.
Dépouillé adroitement de ses plus proches fidèles, encerclé par les
loups malfaisants et les mafieux qui tenaient en laisse serrée
l’omniprésente nièce, Saïda Sassi, maladroite mégalomane (chargée de ses
petits soins et de « siffler à ses oreilles » les ordres précis de la
mafia de l’époque aux aguets pour faire le vide autour de lui), le
complot était déjà programmé dès 1986 et Bourguiba était déjà confiné
bien cadré dans son palais de Carthage.. Il aurait du se retirer de lui
même, bien avant, dans le respect de sa personne et de notre patrimoine
car Bourguiba, c’est notre patrimoine, c’est notre Napoléon avec ses
victoires innombrables, en dépit de ses quelques faiblesses et défaites.
J’espère que ce message sera entendu par tous nos gouvernants actuels et
futurs, y compris celles et ceux qui ont subi les foudres de Bourguiba.
Nul n’est parfait en ce bas monde, mais dans la balance, le jugement
est sans appel. La Tunisie a eu à sa tête un grand parmi les meilleurs
de ce monde.
Rafaat Mrad Dali (
رفعت
مراد الدالي)
Témoin proche, actif et discret de 12 ans de pouvoir au plus haut sommet
de l’état aux cotés de Bourguiba et de ses plus proches fidèles. Une
grande école de la vie et des hommes qui m’a accompagné tout au long de
mon parcours politique en Tunisie, en France et à l’international. Si je
suis un élu actuellement en France (en tête de liste, indépendante, cas
unique en France pour un maghrébin arabe), je le dois, en très grande
partie, à cette école Bourguibienne.
Publié dans JournalTunisie.info : http://journaltunisie.info/2013/04/08/sequestration-de-bourguiba-rafaat-mrad-dali-la-realite-cetait-le-silence-complice-de-toute-la-classe-politique-de-lepoque/